Comité 21 Mobilité urbaine durable Mode d'emploi
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Du quartier au territoire Agir ensemble pour des mobilités urbaines durables Auteur de l’ouvrage : Élise Gaultier Directrice de la publication : Catherine Decaux Avec l’appui au Comité 21 de : • Gilles Berhault, président, qui a aussi apporté son expertise sur le numérique • Antoine Charlot et Dorothée Briaumont, qui ont impulsé ce projet • Isabelle Boudard, Lauriane Gabelle, Morgane Jegaden, Vivian Dépoues, Ludivine Pâques Remerciements : Aux partenaires pour leur soutien technique et financier à l’élaboration, la rédaction et la publication de cet ouvrage : ADEME, SNCF, VINCI, GDF Suez Aux experts qui ont apporté une relecture attentive, experte et bienveillante sur cet ouvrage : • Diane Bouchenot, Bertil de Fos, et Marc Fontanès – Auxilia • Marie Castelli, Avere • Georges Ribière, Comité 21 Aux acteurs, membres, partenaires et amis du Comité 21, qui ont contribué à cet ouvrage en apportant expertise, retours d’expérience et illustrations : • Collectivités locales : Angers Loire Métropole, Communauté urbaine de Dunkerque, Conseil général du Nord, Conseil général du Territoire de Belfort, Echirolles, Le Havre, Nantes Métropole, Sceaux, Vannes agglomération, SMTC Clermont-Ferrand • Entreprises : Caisse des dépôts, Eiffage, Ekodev, IKEA, Monoprix, VINCI • Acteurs institutionnels : MEDDE, ADEME À Alexandre, homme inspirant et encourageant. Création graphique : Pascale Michon Crédits photos (couverture) : © Petair, © AustralianDream. © Comité 21 © Victoires Éditions, 2014 Comité 21 Comité français pour le développement durable 132 rue de Rivoli - 75001 Paris Tél. : 01 55 34 75 21 Fax : 01 55 34 75 20 www.comite21.org www.agenda21france.org Élise Gaultier Du quartier au territoire Agir ensemble pour des mobilités urbaines durables 2 Sommaire sommaire Préfaces 5 6 Ademe : Virginie Schwarz sncf : Jean-Louis Jourdan Édito Gilles Berhault 7 Introduction 8 Mode d’emploi 11 Partie 1 Définir une stratégie collective et transversale Définir la mobilité durable Réaliser un diagnostic exhaustif 1. Définir le périmètre pertinent 2. Améliorer la connaissance globale des déplacements urbains 3. Intégrer les dimensions du foncier et de la prospective Des acteurs formés, concernés et concertés 15 18 12 4. Faire dialoguer entreprises, salariés et collectivités 33 5. La collectivité animatrice territoriale 35 18 Une stratégie en perpétuelle amélioration 21 1. Articuler les plans de déplacements 36 24 2. Concevoir autrement les projets 3. Évaluer la politique de mobilité durable et son impact 38 27 1. F ormer les professionnels 27 2. F ormer tous les publics 29 3. R enforcer la concertation 30 Coopérer et être solidaire à l’international 36 40 46 Partie 2 Éduquer les acteurs aux nouveaux usages liés à la mobilité durable Changer les réflexes 1. Connaître son impact grâce aux éco-comparateurs 2. Promouvoir les comportements responsables 50 50 52 Faciliter les changements de comportements 1. Transmettre une information claire et de qualité aux usagers 2. Inciter les organisations à mettre en place des plans de déplacements 3. Former à l’éco-conduite 48 56 56 58 60 Comité 21 • Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables Sommaire Partie 3 Adopter des modes responsables de consommation d’espace Partager l’espace 64 Partager les services et les lieux de vie grâce au numérique 62 76 1. Intégrer la variable du temps 2. Favoriser la mixité fonctionnelle et la densité 54 1. P artager l’automobile 76 67 78 3. Partager la voirie 69 2. E xplorer les potentiels d’open data 3. E ncourager les alternatives « numériques » 4. Promouvoir les tiers-lieux 71 5. Organiser la multimodalité 74 81 Partie 4 Lutter et s’adapter face au réchauffement climatique Faciliter le report modal des voyageurs, des touristes et des marchandises 1. Inciter et faciliter l’utilisation des vélos 2. Redonner au piéton sa place dans la ville 3. Agir sur les déplacements des touristes 4. Repenser la logistique urbaine 5. Saisir les opportunités du transport urbain fluvial 86 86 89 Réduire l’impact carbone lié aux déplacements 1. C ompenser les émissions carbones 2. D iminuer les consommations liées à l’éclairage Prendre en compte l’adaptation au changement climatique 84 101 101 103 106 91 94 97 Partie 5 Préserver la biodiversité et les ressources naturelles Ouvrir la voie à la biodiversité 112 1. Eviter, réduire, compenser 112 2. Réaménager les carrières 3. Articuler les tracés avec la trame verte et bleue 4. Préserver et recréer de la biodiversité le long des voiries Gérer les synergies voirie-biodiversité 1. Assurer l’intégration paysagère des infrastructures et des chantiers 2. Faire des voiries des lieux de pédagogie sur la nature en ville Réduire l’impact environnemental à toute étape du cycle de vie des voiries 110 124 114 1. E co-concevoir les structures et matériaux de la route 124 116 2. P réserver la ressource en eau 126 118 121 121 123 Gérer durablement les routes 1. R ecycler et réhabiliter le revêtement « usagé » 2. P roduire des matériaux localement 3. A llonger la durée de vie des infrastructures 128 128 130 132 Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables • Comité 21 3 4 Sommaire Partie 6 Lutter contre les exclusions et les discriminations 1. Garantir l’accessibilité de tous 2. Assurer les déplacements des personnes en difficulté financière 136 138 3. Prévenir la vulnérabilité énergétique 4. Favoriser l’insertion par l’activité économique 134 140 142 Partie 7 Préserver la santé des hommes Se prémunir contre les atteintes à la qualité de l’air 1. Pour une démocratie sanitaire autour de la qualité de l’air en ville 2. Concrétiser des plans cohérents d’amélioration 3. Améliorer les technologies 4. Lutter avec discernement contre le tout automobile 146 146 Lutter contre la pollution sonore Garantir la sécurité des personnes 153 1. Assurer la sécurité routière de tous 2. Garantir la cohabitation et la sécurité des personnes dans les transports en commun 155 Réduire les risques pour la santé des professionnels de travaux 150 144 158 161 161 164 167 Partie 8 Soutenir une nouvelle économie de la mobilite durable Favoriser les achats responsables 1. Orienter la demande vers les véhicules propres 2. Déployer les infrastructures de recharge 3. Faciliter la circulation et le stationnement des véhicules propres Assurer le financement des transports collectifs 172 172 176 180 182 1. E quilibrer le financement des services de mobilité 182 2. T rouver de nouveaux financements ? 187 Définir des modèles économiques soutenables pour les services de transports partagés 193 1. Sécuriser les acteurs et les dispositifs 193 2. Diversifier les acteurs impliqués 198 Conclusion Index Développer une nouvelle économie locale 1. Créer des services de proximité 2. Garantir le dynamisme économique autour des lieux et axes de transports en commun Encourager l’innovation industrielle 1. Assurer un effet d’entrainement dans les filières et sur les territoires 2. Saisir les opportunités des grands programmes de R&D 3. Généraliser la formation de collectifs 4. Offrir des opportunités de financement 170 201 201 204 206 206 210 214 216 219 220 Comité 21 • Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables 5 Préface Virginie Schwarz Ademe La demande de mobilité fait désormais partie de nos modes de vie urbains Plusieurs facteurs nous amènent toutefois au- des nouvelles technologies qui rend le citoyen jourd’hui à repenser cette mobilité, dans une acteur, offreur de solutions et diversifie les réapproche beaucoup plus intégrée et interdis- ponses appropriées aux besoins. ciplinaire. Au regard de ces multiples enjeux, il est néEn premier lieu, la création et le financement cessaire de mobiliser tous les leviers d’action de nouvelles infrastructures de transports et tous les acteurs locaux, publics et privés : trouvent leurs limites, compte tenu du besoin l’aménagement, les modes d’organisation inde modernisation de l’existant. novants, que ce soit pour le transport de voyageurs ou de marchandises (logistique, transPar ailleurs, la mobilité évolue progressivement port du dernier kilomètre), le recours à des du « monomodal » à l’intermodalité, de l’infrastechnologies des transports plus efficientes tructure au service ; de la logique d’offre à la (véhicules moins polluants, déploiement des qualité d’usage. infrastructures de recharge des véhicules De plus, les enjeux environnementaux liés à la électriques), ainsi que des changements de mobilité sont particulièrement significatifs avec pratiques (commerce en ligne, covoiturage, une part toujours importante - et en hausse - télétravail). Enfin, cela suppose de structurer de la consommation d’énergie finale (32%) et une véritable filière économique et industrielle des émissions de CO2 (35%). de la mobilité autour du déploiement de ces nouvelles solutions, créatrice de croissance et Enfin, les autres enjeux sociaux et sociétaux, d’emploi. économiques et territoriaux qui touchent à la mobilité, par exemple le budget transport, Relever les défis de la mobilité dans la ville pèsent plus lourdement sur les ménages mo- durable nécessite de nouvelles réponses destes lorsqu’ils sont dépendants de l’automo- et de nouvelles formes de collaboration. bile. Ainsi, la mobilité questionne directement Cet ouvrage illustre bien les mutations déjà l’organisation de la ville et du territoire, mais à l’œuvre et propose aux territoires des aussi les pratiques, en particulier avec l’apport exemples concrets pour agir et innover. Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables • Comité 21 6 Préface Jean-Louis Jourdan Directeur développement durable, SNCF Mobilité : des enjeux renouvelés La mobilité des personnes et des biens a, de • À cet égard, les nouveaux usages de la tous temps, façonné les modes de vie et de voiture – autopartage, covoiturage, taxis consommation. Pourtant, de nouveaux encollectifs – vont s’industrialiser et compléter jeux interpellent la demande de mobilité mais les offres structurantes du territoire, grâce aussi les offres modales, les usages, la gouveraux réseaux sociaux qui rapprochent insnance … et la contrainte énergétique. Citons tantanément l’offre et la demande. La notamment : banalisation de nouveaux services numériques rend la population actrice de la pro• La dissociation croissante des lieux de d’haduction des offres et appelle de ce fait des bitat, de travail et de consommation, largemodèles économiques nouveaux. L’écoment facilitée par une mobilité facile et une nomie sociale et solidaire peut répondre à énergie peu chère, atteint ses limites : on ne une partie de cette demande nouvelle en peut plus demander aux transports de comvalorisant le lien social et la territorialisation penser les errements d’aménagement du des offres. territoire et d’étalement urbain. • La mobilité future sera aussi faite de so• La contrainte énergétique, dont le récent briété énergétique, de moindres émissions débat public a rappelé l’inéluctabilité, exige de gaz à effet de serre, de pertinence une mobilité raisonnée et sobre. Les solutions modale, de solidarité territoriale … à de mobilité seront adaptées au contexte l’heure où la dépense publique est fortelocal, aux différentes échelles territoriales. ment contrainte. Ce sont autant de défis La multimodalité devient alors évidente à relever pour les acteurs multiples de la et s’organise notamment dans des lieux mobilité. d’échange reconfigurés. Les transports collectifs classiques, urbains et ferroviaires régio- Ces déterminants nouveaux de la mobilité naux, répondent de façon systémique aux structurent les orientations stratégiques de besoins des territoires à différentes échelles. SNCF à l’horizon 2020, notamment la comLa baisse du coût des transactions pour les plémentarité et l’intégration des différents entreprises, l’accès à l’emploi, aux services modes, l’offre de mobilité de porte à porte, et aux marchés est facilitée par une bonne la révolution digitale du service avant, penarticulation des modes et par une complé- dant et après le déplacement, la contribumentarité efficace. tion à la transition et à la sobriété énergétiques, la personnalisation des services grâce • La gouvernance de la mobilité, aujourd’hui au « big data » et l’articulation opérationfragmentée, est interrogée par des modèles nelle des modes de transport dans les pôles économiques nouveaux, associant de mad’échange, nouveaux lieux de vie urbains. nière étroite les collectivités, les opérateurs et Autant d’occasions de repenser la relation les citoyens. Malgré la métropolisation croisaux clients finaux et aux collectivités terrisante du territoire, les zones rurales et périurtoriales et de développer des innovations baines, sous réserve de relégation, devront collaboratives avec les multiples parties prefaire face au renchérissement de la mobilité nantes locales. individuelle. Comité 21 • Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables édito Édito Gilles Berhault A u-delà de la continuité bâtie, les moyens de déplacements structurent une cohérence territoriale : ils tissent autant qu’ils définissent la ville. Pour les habitants, la mobilité conditionne l’accès au travail, aux loisirs, à la santé et offre toutes les libertés. C’est donc une revendication importante. La réponse à cette revendication a longtemps été le scooter et la voiture, moyens effectivement pratiques pour faire du porte à porte avec un gain d’autonomie. Mais ces moyens de déplacements montrent aujourd’hui l’étendue de leurs coûts individuels et collectifs. Le temps, les coûts et maintenant l’empreinte environnementale sont des limites. Et bien souvent les propriétaires de ces voitures ont du mal à évaluer un vrai coût global intégrant la valeur d’achat… et négligent totalement le coût collectif en termes d’infrastructure et de santé. Dans les métropoles d’aujourd’hui, la difficulté de stationnement est aussi un argument à quitter le modèle de la ville faite pour la voiture individuelle. Pour autant, le changement de système est difficile. La mise en œuvre des décisions du Grenelle de l’environnement touchant les déplacements s’avère bien plus complexes que celles qui concernent le bâtiment. Les résistances à l’éco-taxe démontrent encore une fois combien il est difficile de prioriser environnement, qualité de vie et santé, face à la préservation de modèles de transports nuisibles. Il s’agit de reparler de planification et d’aménagement des territoires tout en les croisant dans une approche synchrone de l’évolution des comportements, dans une révolution politique ambitieuse. Toutefois, les solutions sont nombreuses – notre ouvrage en rend bien compte –, et elles méritent maintenant d’être généralisées. De nombreux outils sont à la dis- position de ceux qui gèrent les territoires, notamment grâce aux systèmes d’information, souvent coproduits avec les usagers. La géolocalisation a été d’un apport très utile pour rendre interopérables les transports publics et favoriser la marche à pied. Internet permet la mutualisation de vélos ou le covoiturage. Les moteurs électriques permettent le développement de moyens de locomotions moins bruyant et émetteurs de gaz à effet de serre (en étant très prudent aussi sur l’empreinte de la fabrication d’électricité et l’obsolescence des batteries). D’évidence, la voiture sans chauffeur permettra de renforcer la capacité de mutualisation et l’interconnexion des véhicules à l’arrêt permettra de créer un stockage en réseau. Enfin, la question de la mobilité induit celle de l’immobilité. Nous avons à réduire les déplacements. Des solutions existent déjà sur le plan médical permettant d’établir un diagnostic à distance, ou bien évidemment avec le développement exponentiel depuis un an des tiers lieux et autres espaces de télétravail. Beaucoup reste à faire en termes d’innovation, et donc de création de richesses et d’emplois. C’est à cela aussi que le Comité 21 invite les entreprises et les centres de recherche. Il y a beaucoup à faire pour la ville durable, enjeu économique et sociétal. Le débat devra s’ouvrir à l’occasion de prochaines échéances électorales, mais plus globalement dans la société : de quels modes de vie et modes de ville voulons-nous ? La mobilité n’est plus un temps entre deux espaces, mais un vrai tiers-espace de vie, où nous pouvons travailler, avoir des loisirs… garder une vraie socialisation. La mobilité est un enjeu de gouvernance de la ville durable et surtout de démocratie. Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables • Comité 21 7 8 Introduction introduction L a réflexion sur les déplacements dans la ville durable a été initiée en 2010 lors de trois groupes de travail avec les adhérents du Comité 21 sur la Ville durable, et s’inscrit en prolongement de plusieurs ouvrages du Comité 21 sur les quartiers et la ville durable. Bibliographie du Comité 21 sur les quartiers et la ville durable disponibles sous www.comite21.org / rubrique Publications • Les quartiers durables : un exem- • Note 21 du Comité 21 « Barcelone, de la qualité de vie au développement durable », 2009 2007 • Du quartier à la ville durable : vers • Enjeux et définition de la Ville duun nouveau modèle urbain (Edition du rable : intervention d’Anne-Marie SacComité 21 – auteur : Antoine Charlot – en ple de démarche intégrée et participative : étude du Comité 21, avril quet, ancienne directrice générale du Comité 21, aux Rencontres Angers 21 des 13 et 14 octobre 2005 collaboration avec l’AMGVF et avec le soutien de la Caisse des dépôts, de GDF SUEZ et de VINCI – 160 pages – 20 euros) Ce nouvel ouvrage du Comité 21 prend acte des changements qui sont déjà à l’œuvre dans les politiques publiques, les technologies et les comportements en faveur d’une mobilité responsable, notamment à travers le développement des alternatives à la voiture individuelle.Mais il propose d’aller plus loin, d’agir à la hauteur des enjeux réels ! • Ces enjeux ne concernent pas que l’énergie, les changements climatiques et la pollution en ville, mais touchent aussi la biodiversité, la cohésion sociale et l’intégration des individus, la facilitation de la recherche ou du retour à l’emploi, et la création de nouvelles activités et nouveaux emplois liés aux nouveaux usages et modes de déplacements. • La mobilité ne concerne pas que le périmètre de la ville, aussi durable soit-elle ! Elle est ciment d’un territoire durable fondé autour d’un bassin de vie ou d’emploi, qui unit la ville à sa couronne périurbaine et aux territoires alentours. La vulnérabilité énergétique touche et touchera de plus en plus de ménages périurbains, parfois appelés « néo-ruraux ». • La mobilité durable ne se résume pas au report modal ! Autrement dit, il ne suffit pas de développer les transports publics pour freiner l’usage de la voiture. La mobilité résulte des interrelations entre l’offre de transport, la localisation de l’habitat et la répartition spatiale des activités. Comité 21 • Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables Édito « doter les territoires de stratégies collectives et chiffrées de mobilité durable » Elle ne pourra donc se résoudre sans une réflexion globale et intégrée de l’organisation du territoire, et notamment la maîtrise de l’urbanisation et du foncier. • La mobilité durable ne consiste pas à verdir les politiques de transports et ne se réduit pas à l’atteinte des objectifs d’un plan de déplacements urbains ! Parce qu’elle interroge directement le fonctionnement urbain et les habitudes urbaines, elle recouvre plusieurs domaines d’actions qui font système autour d’elle : le changement des comportements, l’usage des nouvelles technologies, le croisement avec d’autres politiques (urbanisme, logement, jeunesse, emploi, insertion…). • Il ne s’agit pas de faire de la mobilité durable « sans le savoir », mais de doter les territoires de stratégies collectives et chiffrées de mobilité durable, enrichies d’objectifs précis et assortis d’une mesure des résultats et des impacts. Ces stratégies doivent s’appuyer sur de la prospective qui porte non seulement sur les chiffres des évolutions démographiques ou du profil socio-économique du territoire, mais aussi sur les usages des personnes. Le design, appliqué aux politiques publiques, y trouve toute son utilité. Ensuite, ces stratégies doivent être ancrées dans le réel. Plutôt que s’incarner dans des projets symboliques, elles doivent disséminer leurs objectifs dans les autres documents de planification et les plans de déplacements ou stratégies de mobilité des autres acteurs (notamment les PDE). • Les initiatives existantes en matière de mobilité durable se concentrent particulièrement sur les déplacements des habitants entre leur domicile, leur travail et leurs divers lieux d’usage dans la ville (écoles, loisirs, équipements publics…)… au détriment de réflexions et d’actions sur les touristes (de loisirs, d’affaires). Il ne s’agit pas ici de sectoriser les publics – marchandises, résidents permanents, résidents temporaires et visiteurs –, mais plutôt de plaider pour une prise en compte de la spécificité des enjeux de déplacements de chacun et chaque chose, et la réconciliation de tous les usagers. • Outre la voirie, les véhicules et les usages, cet ouvrage traite également de l’environnement dans lequel ils s’inscrivent : le paysage, le mobilier urbain, les réseaux qui passent au-dessus ou en-dessous des voies. C’est pourquoi le guide abordera aussi les questions de lutte contre la pollution lumineuse liée à l’éclairage public, la présence de la biodiversité sur les voiries, ou encorel’intégration paysagère des infrastructures. Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables • Comité 21 9 10 • Les actions sur les transports de voyageurs éclipsent quasiment partout les actions sur le transport de marchan« le passage à la logistique dises. Or le passage à la logistique ururbaine durable est baine durable est également clé pour réduire l’impact carbone des déplaégalement clé pour réduire cements en ville. Il commence bien l’impact carbone des sûr avec les réflexions sur le dernier kilodéplacements en ville. » mètre des transports de marchandises, mais ce guide présentera quelques bonnes pratiques, ainsi que des pistes d’état des lieux dressées par le Comité 21 dans son nouveau groupe de travail sur la logistique durable. Les degrés d’avancement et d’innovation divergent d’une ville à l’autre, d’une aire urbaine à l’autre – parfois même d’une commune à l’autre sur la même aire urbaine : ce guide identifie les bonnes pratiques à généraliser, afin que la somme des actions individuelles apporte des résultats à la hauteur des enjeux. Ce guide promeut donc une approche intégrée et collaborative de la mobilité durable. Il fédère en effet les approches environnementalistes, énergétiques, mais aussi sociologiques, économiques et même psychologiques, touchant la place des déplacements dans la vie et les représentations de chacun. Il encourage les collaborations entre toutes les parties prenantes de la mobilité, de l’usager au sociologue, du directeur des ressources humaines à l’étudiant, de l’élu à l’urbaniste, … Rédigé entre 2010 et 2014, fruit d’une réflexion mature du Comité 21, son équipe et ses adhérents, sur les enjeux de la ville et de la mobilité durables, il définit les grands objectifs d’une stratégie de mobilité urbaine durable. Composant son sommaire, ces objectifs sont présentés en fiches pratiques comprenant : • une synthèse des enjeux et des préoccupations qui doivent guider tout décideur, illustrés par une bibliographie, • des recommandations opérationnelles, • des bonnes pratiques innovantes. Comité 21 • Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables mode d’emploi Comment se servir de ce guide ? Recommandation thémathique Renvois vers d’autres recommandations proposées dans l’ouvrage, liées à la même thématique Nom de la sous-partie, pour se repérer dans le sommaire 20 Une stratégie en perpétuelle amélioration 1.4.2 Concevoir autrement les projets bilité durable doivent se décliner dans la manière de concevoir tous les projets. Pour cela, ils peuvent : • utiliser des référentiels existants, notamment ceux de la ville durable, • créer leur propre référentiel local, en mobilisant notamment les départements, pionniers en France sur la route durable. Mais ce mouvement peut aussi être ascendant, dans une démarche pragmatique expérimentaux, et ainsi en tester la faisabilité et la pertinence, avant territoire ! Voir la recommandation 1.4.1 Articuler les plans de déplacements. Pour en savoir plus • • Sous-recommandation, avec leur explication Les outils de l’aménageur : Eco-quartiers.fr propose une sélection de guides et de dossiers, de méthodologies qui font référence dans les projets d’aménagement. www.eco-quartiers.fr Le cadre de référence de la ville durable européenne : outil web destiné à aider les villes à promouvoir et à améliorer leurs actions en matière de développement urbain durable intégré. www.rfsc.eu Bonnes pratiques Un référentiel national de certification Route Durable parties intéressées, implique tous les intervenants de l’opération et traite ainsi En collaboration avec Certivéa (orga- de tous les items développés dans cet - ouvrage : ressources naturelles, changement climatique, insertion, innovaNord a élaboré en juillet 2010 un premier tion, achats responsables, gestion des - emprises et limitation de la consommarable. Ce document a pour ambition de tion d’espace etc. Sous l’impulsion du mettre à disposition de tous les maîtres Département du Nord, l’élaboration d’ouvrage un outil permettant de pas- de la version 2 de ce référentiel est en ser en revue l’ensemble des préoccupa- cours d’expérimentation dans 20 projets tions de développement durable d’un et devrait s’achever en juin 2014. Un des projet routier (de la programmation, impacts attendus de cette nouvelle verà la conception puis la réalisation des sion est de renforcer l’attractivité de la travaux). Il vise la contribution positive d’une route à la vie sociale et écono- courantes de petite taille : projets « lomique comme à l’aménagement d’un caux », en sus des projets « structurants » territoire. Cette approche transversale pour lesquels avait été conçue la preinsiste sur la concertation de toutes les mière version du référentiel. lenord.fr Bibliographie et sitographie courte pour des ressources en lien avec le thème de la page Paragraphe explicatif sur les enjeux Liens interactifs vers d’autres parties de l’ouvrage et vers des documents externes ressources Comité 21 • Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables Bonnes pratiques : exemples concrets français et étrangers qui viennent illustrer les recommandations d’actions et de résultats chiffrés Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables • Comité 21 11 48 Comité 21 • Du quartier au territoire durable : agir ensemble pour des mobilités durables 49 2. Éduquer les acteurs aux nouveaux usages liés à la mobilité durable N ous sommes à la fois des utilisateurs directs ou indirects de transports, à travers nos déplacements physiques ou du chemin parcouru par les marchandises que nous achetons et consommons. Par nos choix quotidiens, nous avons tous une influence importante sur les émissions liées aux transports. Mais l’information ne fait pas tout ! C’est une véritable révolution – ou vélorution ?! – dans les réflexes quotidiens et les comportements qu’il s’agit de poursuivre pour en finir avec la culture hégémonique de l’automobile ! L’intention est là : selon une étude sur les Français et l’écomobilité publiée en avril 2012 à partir d’un sondage Mobivia Groupe/ViaVoice, 54% des Français se disaient prêts à laisser leur voiture au garage, et jusqu’à 62% des habitants des villes de plus de 200 000 habitants ! Vraiment ? L’éducation des citadins et des acteurs socioéconomiques relève d’une responsabilité partagée par l’Etat, les collectivités locales, mais aussi les entreprises et la société civile elles-mêmes. Du quartier au territoire durable : agir ensemble pour des mobilités durables • Comité 21 © ra2 studio - Fotolia.com Pour faire les bons choix, nous devons être informés des impacts des déplacements que nous faisons ou générons au regard du développement durable. Ces impacts portent non seulement sur le niveau d’émissions de gaz à effet de serre sur le territoire, mais aussi en termes d’impacts sur la santé, sur la biodiversité et les ressources naturelles et sur la qualité de vie. 50 Changer les réflexes 2.1 Changer les réflexes 2.1.1 Connaître son impact grâce aux éco-comparateurs Toute la chaîne des déplacements fait aujourd’hui l’objet d’une connaissance fine des impacts carbone. Elle se matérialise par les éco-comparateurs, outils de mesure et de comparaison des impacts carbone et environnementaux. Ils présentent également les dispositifs de compensation carbone. L’information est un outil clé d’aide à la décision et déclenche les changements de comportements. Voir également la recommandation 4.2.3 Compenser les émissions carbones liées aux déplacements • Connaître l’impact environnemental des chantiers Des éco-comparateurs informent sur les performances écologiques des chantiers de construction ou réfection d’infrastructures, en termes de consommation de matières premières, d’énergie, émissions de GES et de polluants, productions de déchets, … • Mettre en place des éco-comparateurs à l’intention des voyageurs Tout voyageur ou transporteur de marchandises peut désormais comparer les modes de transports possibles (avion, train, voiture) pour des destinations en France et en Europe selon leurs émissions de CO2. Outre la durée du transport et le coût, il dispose d’un troisième critère pour choisir son mode de transports. Le plus connu : ecocomparateur.voyages-sncf.com • Améliorer l’information sur les impacts carbone des produits de consommation Cela passe par le calcul et la mise en évidence de la part du fret de marchandises dans le total des émissions de gaz à effet de serre d’un territoire ou de l’activité d’une entreprise. © M.studio – Fotolia.com • Améliorer l’information sur les impacts carbone d’événements Des outils ont été développés pour mesurer leur impact carbone et informer le public des manifestations professionnelles, culturelles, sportives, parfois dès la réservation. • Assurer la visibilité de l’étiquetage CO2 des voitures en vente12 L’étiquetage des véhicules ou car labelling a été mis en place par une réglementation de la Commission européenne. Il est obligatoire pour toutes les voitures neuves vendues en France depuis le 10 mai 2006. 12 Extraits du Guide du Marketing durable, Comité 21, 2010 Comité 21 • Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables Changer les réflexes Les véhicules sont répartis en 7 classes, de A (émissions de CO2 inférieures à 100g/km et faible consommation de carburant) à G (émissions de CO2 supérieures à 250g/km et consommation élevée). Encore faut-il que les concessionnaires affichent cette étiquette de manière visible et soient capables de la commenter devant les clients ! • À toute étape de la chaîne, lutter contre la désinformation et traquer les contre-exemples L’Autorité de régulation professionnelle de la publicité assure la surveillance des contenus des messages publicitaires aux côtés des associations de défense de l’environnement et des consommateurs. Les citoyens eux-mêmes peuvent saisir un jury de déontologie publicitaire pour faire cesser une publicité aux arguments écologiques abusifs. Une charte d’engagements et d’objectifs pour une publicité éco-responsable a été signée en avril 2008 entre le Ministère en charge du développement durable, le secrétariat d’État à l’industrie et à la consommation et les publicitaires. www.uda.fr Bonnes pratiques Modéliser les impacts avant de décider : l’outil Gaïa Eurovia, filiale de VINCI, a conçu Gaïa*, un outil informatique permettant aux décideurs publics et privés d’étudier l’impact environnemental de leur chantier. Reprenant la méthode de l’analyse de cycle de vie, Gaïa modélise l’impact environnemental de chaque étape d’un chantier – de l’extraction de matériaux dans la carrière au compactage de la couche de roulement sur la chaussée. Il propose des indicateurs environnementaux, qui évaluent les consommations de ressources naturelles et d’énergie, les émissions polluantes et les déchets ainsi que la préservation de la qualité de vie des riverains. www.eurovia.com Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables • Comité 21 51 52 Changer les réflexes 2.1.2 Promouvoir les comportements responsables et sobres en carbone13 Une fois informés, les acteurs doivent être orientés vers des modes de consommation plus responsables et accompagnés dans leurs changements de comportements. Les messages et les images publicitaires émettent des signaux faibles et véhiculent des préjugés positifs ou négatifs vis-à-vis de certains comportements ou certaines pratiques. Organiser des campagnes régulières de promotion et de rappel tout au long de l’année (par exemple la Semaine de la mobilité et la campagne Bougez autrement http://www.bougezautrement.gouv.fr/), et mesurer leurs effets à court, moyen et long terme, permettront d’ancrer les nouveaux comportements vertueux. La promotion de comportements responsables et sobres en carbone est une responsabilité collective, impliquant : • L’Etat La promotion des mobilités douces et actives est animée par le Ministère du développement durable et le Ministère de la Santé dans le cadre du Plan national santé environnement. www.sante.gouv.fr Voir également la recommandation 4.1.1 Inciter et faciliter l’utilisation des vélos • Les collectivités locales Lors de nombreux événements nationaux et locaux (Semaine du développement durable, Semaine européenne de la mobilité, …), elles organisent et soutiennent de nombreuses animations sur la maîtrise des déplacements individuels, l’achat de véhicules propres, l’offre locale de transports publics, le covoiturage, la promotion des mobilités douces et actives, et aujourd’hui la promotion des produits locaux pour favoriser les circuits courts. Cette promotion commence à payer : la publication du CERTU en décembre 2010 « Et si les Français n’avaient plus seulement une voiture dans la tête ? »14 a montré une nette amélioration globale de l’image des modes alternatifs à la voiture. Mais des disparités subsistent entre les agglomérations selon les formes urbaines, les cultures locales et les politiques de déplacements menées depuis quelques décennies. • La société civile Né en 2005 en Californie, le mouvement « locavore » encourage les consommateurs à choisir leur nourriture produite dans un rayon allant de 100 à 250 kilomètres maximum autour de leur domicile. Outre la réduction des émissions de GES liés aux transports, ce type de choix permet de manger plus sainement des produits de saison et de soutenir les filières agricoles locales. En France, les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), créées en 2003, s’inscrivent dans ce mouvement. www.reseau-amap.org 13 ademe.typepad.fr 14 Réalisée à partir des résultats de 19 Enquêtes Ménages Déplacements. Disponible sous www.certu.fr Comité 21 • Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables Changer les réflexes • Les publicitaires et les communiquants Force est de constater que les campagnes publicitaires des multinationales de l’automobile sont très percutantes par leur quantité et leur qualité, relativement à la promotion des modes doux de déplacements financée par des autorités organisatrices de transports. Un juste équilibre entre la promotion publicitaire des automobiles et celle des modes de déplacements alternatifs est donc à rechercher. Pour en savoir plus • Guide du marketing durable, Comité 21, 2011 – Fiche n°9 : Comment mettre en place une stratégie publicitaire responsable ? • Les organisateurs d’événements et les tour-opérateurs Ils peuvent mettre en place des dispositifs d’incitations et de facilitation du report modal, avec des tarifs préférentiels, des opérations de promotion, la distribution de kits de mobilité… La mobilité durable est l’un des champs d’actions des écofestivals. Bonnes pratiques La preuve par le test grandeur nature en zone piétonnisée à Bologne ! Bologne, en Italie, a été distinguée par la Commission Européenne lors de la Semaine européenne de la mobilité 2011 pour ses actions et sa communication auprès des citoyens lors de sa Semaine de promotion des déplacements propres et sobres. Durant cette semaine, elle a testé la piétonisation d’une zone de centre-ville et mené de nombreuses animations à cet endroit. La municipalité a organisé des visites à bicyclette, des ateliers vélos et des stands de formation à la réparation, des jeux, des promenades et une exposition sur les véhicules électriques. Des officiers de police ont informé et conseillé les familles, leur expliquant les consignes de sécurité pour se déplacer à vélo. Les citoyens ont bénéficié d’un point d’information sur les nouveaux services offerts aux cyclistes. Artistes itinérants, marchands et associations sportives ont accueilli et distrait plus de 60 000 visiteurs. www.mobilityweek.eu Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables • Comité 21 53 54 Changer les réflexes Bonnes pratiques Les meilleures pratiques françaises dans le guide de la mobilité durable Le Guide de la mobilité durable, édité par l’Association des directeurs généraux des communautés de France, Cofely Ineo (GDF Suez) et le Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales, présente plusieurs bonnes pratiques de communication des collectivités sur les projets de transports : Grand Roanne agglomération sur la campagne Star sans ma voiture organisée en 2011, la Communauté urbaine de Dunkerque, et le Département de Seine-Maritime. www.cofelyineo-gdfsuez.com Pour le club volley de Mulhouse, les petits gestes font les grandes victoires ! L’Association sportive PTT Mulhouse Volley a décidé de s’engager en 2009 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à ses activités. En relation avec Mulhouse Alsace Agglomération, GDF Suez et La Poste, elle a élaboré un « projet développement durable » comportant un axe transports. L’objectif est de modifier les habitudes d’un maximum de personnes en les sensibilisant. Trois actions principales sont menées : formation à l’écoconduite des joueuses, proposition d’un tarif réduit aux spectateurs venant en tram et covoiturage des joueuses pour l’entraînement. www.aspttmulhousevolley.fr Le Collectif des festivals bretons a lancé un « Plan de Déplacements Festivalier » Lancé en collaboration avec des Autorités Organisatrices des Transports du territoire, il vise à améliorer les déplacements des festivaliers, leur accessibilité et mobilité vers les festivals. L’enquête sur les déplacements des festivaliers qui a porté sur une vingtaine de festivals en Bretagne a permis de dégager quatre axes d’actions à mettre en œuvre sur la période 2013 – 2015 : des dispositifs de transports facilitant la mobilité et l’accessibilité des festivaliers ; la communication et l’information sur les modes de transports ; les services pour l’accueil des festivaliers sur le territoire du festival ; la coordination des acteurs et des dispositifs de transport. En 2013, trois festivals se sont portés volontaires pour des expérimentations autour du renforcement des lignes de cars des réseaux départementaux, en partenariat avec les Conseils départementaux du Finistère, du Morbihan et d’Ille-etVilaine : Le Cornouaille à Quimper, Au Pont du Rock à Malestroit et Bonus à Hédé. Le site internet du Collectif propose également des ressources et retours d’expérience sur la place des transports dans les écofestivals. http://www.lecollectifdesfestivals.org/collectif/ressources-thematiques/transports/ Comité 21 • Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables © Christian Müller - Fotolia.com 55 Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables • Comité 21 56 Faciliter les changements de comportements 2.2 Faciliter les changements de comportements 2.2.1 Transmettre une information claire et de qualité aux usagers sur les modes et itinéraires de transports alternatifs à la voiture Les modes sont de plus en plus nombreux et diversifiés, les trajets plus complexes, les déplacements plus minutés. L’existence et la visibilité de l’information sont clés pour inciter à l’utilisation des transports en commun car, selon Bruno Marzloff15, « la moitié de la mobilité, c’est de l’information. » La qualité de l’information et son instantanéité sont aujourd’hui facilitées par l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Une véritable chaîne ininterrompue d’information doit être à la disposition de l’usager de transports pour informer les usagers des transports à toutes les étapes de leurs déplacements, en utilisant la variété des supports multimédias : • avant de partir : les collectivités et leurs opérateurs de réseaux développent des sites Internet d’information exhaustive sur l’offre de mobilité. Ils informent tous les types d’usagers sur l’ensemble des réseaux locaux de transports. Ils proposent des calculateurs d’itinéraires combinant les divers modes de transports, et offrent désormais la possibilité d’acheter son titre de transports depuis chez soi grâce à la billettique sans contact. • pendant le déplacement : du smartphone à l’écran lumineux dans les stations et dans les véhicules, il existe une large variété de supports multimédias pour informer les usagers des transports en commun en temps réel de l’état du trafic et de diversifier les services proposés dans les transports : accès à Internet, renseignements sur les lieux de services et de loisirs à proximité des arrêts, divertissements, etc. • aux stations de transports en commun : de nombreuses stations de transport en commun et véhicules disposent d’un plan de l’ensemble du réseau de transports de l’agglomération et d’un tableau lumineux qui précise le temps d’attente d’ici le prochain passage du bus. 15 http://www.rslnmag.fr/post/2012/08/28/Covoiturage-autopartage-la-voiture-a-lheure-du-numerique.aspx Comité 21 • Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables Faciliter les changements de comportements Mais l’information doit aussi pouvoir être utilisée par les personnes malvoyantes, malentendantes ou analphabètes ! La diffusion d’information sonore des stations et dans les véhicules reste à généraliser. La lisibilité des panneaux d’information doit s’améliorer, notamment en termes de taille de caractères, de contrastes lumineux, d’implantation sur la voirie. Les autorités organisatrices de transports, les collectivités doivent travailler dans ce sens en concertation avec les associations de sensibilisation aux différents handicaps. Voir également la recommandation 6.1 Garantir l’accessibilité de toutes les personnes aux moyens de transports et à la voirie Bonnes pratiques Une information intermodale et centralisée : les collectivités bretonnes s’unissent ! Perth emploie les méthodes de marketing pour lutter contre les préjugés anti-transports collectifs Les Autorités organisatrices de transports présentes dans le Finistère ont mis en place en 2008 Viaoo29, un site Internet commun, dédié aux transports en commun : bus, car, train, bateau et avion sur le département. Il centralise les informations et actualités des réseaux de transport partenaires et propose un calculateur d’itinéraire. www.viaoo29.fr Dès 1997, Perth, la plus vaste ville de l’ouest australien, a conjugué déploiement de nouvelles infrastructures de transports en commun (ferry, bus et trains) et lutte contre la dépendance psychologique à la voiture dans son programme « Travelsmart ». En affrétant un service de bus gratuit et de trains desservant le centre-ville, les autorités de Perth ont corrigé la perception des habitants qui croyaient que les offres alternatives à leur automobile multiplieraient par deux leur temps de trajet et par trois leur budget. Le programme « Travelsmart » comportait une campagne téléphonique de marketing individuel (29 000 appels téléphoniques et 37 000 lettres envoyés aux habitants !), des actions éducatives, une meilleure information sur les trajets faisables sans automobile ; l’implication du secteur privé sur des plans de déplacements verts pour les employés. Cette bonne pratique est détaillée dans l’étude du CETE Méditerranée « Le marketing comme outil de gestion de la mobilité – évolutions apportées par les nouveaux systèmes d’information », août 2008. www.cete-mediterranee.fr Des informations ludiques et dynamiques dans les transports Orange Business Services a développé une solution de transport intelligent : Information Dynamique des Voyageurs, à destination des prestataires de transports. Il s’agit d’un service d’informations pratiques (prochains départs, temps d’attente, infos trafic, etc.) et de divertissement (informations touristiques, locales, jeux, vidéo, etc.). A bord comme au sol, les voyageurs disposent en temps réel des informations dynamiques par SMS, MMS, applications mobiles, portail web, etc. Les solutions d’informations sont développées en fonction des besoins de l’entreprise, et favorisent aussi l’amélioration de sa connaissance client. www.orange-business.com Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables • Comité 21 57 58 Faciliter les changements de comportements 2.2.2 Inciter les organisations à mettre en place des plans de déplacements Aménageuses, incitatrices, animatrices, exemplaires, les collectivités sont les acteurs les mieux placés pour inciter et aider les organisations dans la mise en place de plans. Convaincre les organisations L’initiative peut venir de l’entreprise, d’un groupe de parents, ou même de la collectivité. L’exercice présente en effet plusieurs intérêts individuels et collectifs. Elle permet d’aider les personnes qui ne peuvent financer une voiture et soulager les ménages – notamment les travailleurs pauvres. Elle constitue un projet fédérateur qui peut s’inscrire dans une démarche « Qualité », un système de management environnemental, une démarche d’éco-responsabilité ou encore un Agenda 21. Accompagner les bonnes volontés Développés à l’initiative des parents, de l’école ou de la collectivité, les Pédibus séduisent de plus en plus, mais connaissent un succès mitigé en raison de la faible disponibilité des parents, de la méconnaissance de la démarche et surtout d’un déficit d’aménagements sur la ville et autour de l’école. Soutenir toutes les étapes de l’élaboration Des communautés urbaines ou d’agglomération ont construit une véritable politique publique de soutien, qui comprend réalisation de diagnostics, animations de réunions de concertation avec les parties prenantes, promotion des initiatives, collecte et suivi des indicateurs. Comité 21 • Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables Faciliter les changements de comportements Bonnes pratiques Vannes agglomération finance un Conseil en mobilité pour les établissements de son territoire Pour atteindre ses ambitions : réduire d’environ 10% la part de l’automobile sur le territoire, en faisant passer sa part modale de 69% en 2008 à 63% à horizon 2020, le Plan de déplacements urbains de Vannes agglomération a dédié une partie de son plan d’actions à l’objectif Agir sur les comportements, notamment en promouvant les Plans de déplacements d’établissements (entreprises, administrations, scolaires). Début 2012, la Communauté d’agglomération a donc recruté un Conseiller en mobilité, chargé d’apporter aux établissements publics et privés du territoire un appui méthodologique et technique gratuit dans toutes les étapes d’un Plan de déplacement : définition des objectifs, réalisation d’enquêtes , mise en place du plan d’actions… En 13 mois d’activité, 22 structures (entreprises ou administrations) ont été accompagnées par Vannes Agglo, six d’entre elles avaient déjà mis en place un PDE et trois en ont fait aboutir un, par l’élaboration d’un plan d’actions. Enfin, quatre entreprises ont amorcé un diagnostic. Cet accompagnement est promu sur le site Internet de la Communauté d’agglomération, sous la rubrique du Plan de déplacements urbains. www.agglo-vannes.fr Au Grand Lyon, une véritable politique publique du Grand Lyon autour du pedibus Sur le territoire du Grand Lyon, 73 écoles de 37 communes étaient desservies en 2010 par 142 lignes quotidiennes de Pédibus (plus cinq lignes de Vélobus), et concernaient plus de 2 000 enfants. Un nombre élevé, grâce aux différents outils déployés par la Communauté urbaine : une exposition itinérante sur les déplacements domicile-école, des brochures d’informations et un support de présentation pour sensibiliser les différents acteurs, un fichier informatique (sous format Excel) pour exploiter les données collectées lors de l’enquête et pour établir le diagnostic, des photos aériennes du périmètre scolaire, une formation annuelle pour mettre en place son Plan de Déplacement Domicile-Ecole, un blog spécifique : blogs. grandlyon.com des interventions d’associations à l’éducation à l’environnement dans les écoles, guide pratique sur les Pédibus. www.grandlyon.com – Contact : pedibus@ grandlyon.org À Nantes, 100 000 salariés sensibilisés aux transports doux via le Plan de mobilité d’Entreprise Le Plan de mobilité entreprise (PME) est un dispositif d’accompagnement aux entreprises qui aident leurs salariés au report modal. Il a été construit en partenariat avec les opérateurs de service de mobilité de l’agglomération et l’association « Place au vélo ». Il offre aux employeurs et aux salariés des réductions tarifaires ou des aides financières ; un accès privilégié à l’information sur les services mobilité ; l’accès au Club Mobilité ; ainsi qu’un service d’assistance et de conseils personnalisé. En février 2014, après dix ans d’existence, le PME rassemblait 362 employeurs (petites et grandes entreprises, entreprises publiques et privés, institutions, communes), soit 104 000 salariés (33% des salariés de l’agglomération). www.nantesmetropole.fr Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables • Comité 21 59 60 Faciliter les changements de comportements 2.2.3 Former à l’éco-conduite Informés sur l’influence du trafic automobile sur le climat et les nuisances en ville, les conducteurs peuvent modifier en conséquence leur comportement au volant, et adopter des réflexes d’éco-conduite. « L’écoconduite© est un nouveau style de conduite basé sur une sollicitation modérée des organes d’un véhicule entretenu et adapté au besoin du conducteur dans le but de limiter les émissions de CO2 et la consommation de carburant. » (source : eco-conduite.fr) L’écoconduite commande notamment d’entretenir régulièrement son véhicule, adapter son freinage et son démarrage, contrôler sa vitesse. Pour les organismes dont les activités sont étroitement liées aux transports ou qui disposent d’une flotte importante de véhicules, l’éco-conduite présente des bénéfices économiques et sociaux. Ils portent sur l’économie de carburant, de maintenance des véhicules, ou encore la réduction de l’accidentologie. C’est pourquoi certaines entreprises et administrations ont initié des programmes de formation de leurs conducteurs. Pour en savoir plus • eco-conduite.fr, le site Internet dédié à l’éco-conduite, animé par Securitrans • Guide de formation à l’éco-conduite : ce guide méthodologique a pour but de faciliter la mise en place de formations sur ce sujet. Il propose divers conseils d’experts de l’Ademe et des retours d’expérience. Téléchargeable gratuitement sous www2.ademe.fr Comité 21 • Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables Faciliter les changements de comportements Bonnes pratiques Les facteurs pionniers de l’éco-conduite ! En 2007, La Poste a commencé à former ses 60 000 postiers à l’éco-conduite. Elle indique aujourd’hui avoir réalisé de significatives économies de carburant (de 0,5 à plus de 1 litre économisé sur un parcours de 23 kilomètres) – et diminué de 8 % en moyenne ses émissions de CO2 (l’économie devait atteindre fin 2009 quelque 10 millions de tonnes). Le nombre d’accidents de circulation de ses voitures a également diminué. Sa filiale Mobigreen, créée en 2009, a développé une offre complète de solutions d’éco-conduite (sensibilisation, formation) auprès des organisations publiques ou privées utilisant des flottes de véhicules et souhaitant lancer cette pratique auprès de son personnel. www.mobigreen.fr par Fiat pour sa gamme de véhicules équipée de l’interface Blue & Me, sous la forme d’une clef USB qui enregistre et analyse les détails de la conduite, ou encore l’application d’écoconduite sur IPhone de ALD Automotive (entreprise de location automobile longue durée), analysent et restituent à l’automobiliste l’historique de ses trajets assorti de conseils pour améliorer l’écoconduite. www.nomadicsolutions.biz / www.fiat.com / www.aldautomotive.fr La Mairie de Changé subventionne des stages d’éco-conduite En 2010, la Mairie de Changé, dans le cadre de l’élaboration de son Agenda 21, a créé des stages d’éco-conduite pour les agents qui utilisent des véhicules communaux et pour les habitants qui le souhaitent. Deux conventions sont ainsi signées avec l’auto-école Mary et l’assoDes applications pédagogiques ciation des auto-écoles mayennaise UDEC 53. et ludiques pour les particuliers Le logiciel ÉcoGyser® (conçu par Nomadic La collectivité subventionne à hauteur de 50% Solutions), le dispositif Ecodrive mis en place le prix total du stage. www.change53.fr Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables • Comité 21 61 C et ouvrage du Comité 21 intitulé Du quartier au territoire : agir ensemble pour des mobilités urbaines durables présente les changements qui sont déjà à l’œuvre dans les politiques publiques, les technologies et les comportements en faveur de nouvelles mobilités urbaines, notamment à travers le développement des alternatives à la voiture individuelle. Mais il propose d’aller plus loin ! Il dessine les contours d’une bonne gouvernance de la mobilité durable et aborde les questions des financements, de la maîtrise foncière et l’aménagement du territoire. Parce que la mobilité durable interroge directement le fonctionnement urbain et les habitudes individuelles, ce guide de 224 pages recouvre plusieurs domaines d’actions qui font système autour d’elle : le changement des comportements, l’apport des nouvelles technologies, la santé humaine mais aussi la biodiversité, la cohésion sociale, l’emploi et la création de nouvelles activités économiques. Dans une approche intégrée et collaborative, il s’adresse à toutes les parties prenantes de la mobilité, de l’usager au sociologue, du directeur des ressources humaines à l’étudiant, de l’élu à l’urbaniste. Rédigé par Elise Gaultier, cet ouvrage s’appuie sur les retours d’expériences de ses adhérents et partenaires, qui ont contribué à l’enrichir et l’illustrer. Il s’agit du troisième ouvrage du Comité 21 lié à la ville durable, après Du quartier à la ville durable : vers un nouveau modèle urbain (Edition du Comité 21 – auteur : Antoine Charlot – 2010) et le rapport du Comité de prospective du Comité 21 La ville, nouvel écosystème du XXIe siècle – Ville, réseaux, développement durable (auteur : Bettina Laville – mars 2012). En collaboration avec : Diff usion Presses universitaires de France Distribution Union-Distribution ISBN 978-2-35113-227-2 Avec le soutien de : Prix TTC : 21 euros ">

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