2.1 - Définition de la portée du programme. IFREMER des habitats marins
76 2 - Que veut-on cartographier ?
2.1 - Définition de la portée du programme
Cette étape vise à définir la finalité et les objectifs du programme de cartographie, afin que l’on sache exactement ce que l’on veut accomplir et pourquoi. Cette définition servira de référence pour toutes les autres étapes de la planification et déterminera avec
précision ce que les cartes finales doivent (ou ne doivent pas) contenir. Il incombe à ceux qui sont à l’origine d’un programme de cartographie de faire connaître très clairement leurs exigences et de s’engager à fond dans la planification du programme et la définition de sa portée. Le rapport sur la portée du programme, qui résulte de cette étape, devrait
être distribué aux bailleurs de fonds, gestionnaires, opérateurs de terrain et cartographes participant au programme, et pourrait faire partie d’un cahier des charges contractuel.
Échelle et utilisation d’une carte
Il y a généralement une relation inverse entre le contenu en information (détail et limite de
résolution) d’une carte et le territoire qu’elle couvre. Les cartes qui représentent une vaste région contiennent habituellement une information généralisée, alors que celles qui couvrent une zone peu étendue contiennent ordinairement beaucoup de détails. On parle communément de cartes à échelle globale et à échelle fine respectivement, les cartes à
échelle intermédiaire se situant quelque part entre les deux.
Les échelles très globales sont plus susceptibles de correspondre à des programmes nationaux, et les échelles très fines à des levés spéciaux visant des biotes ou des paramètres d’habitat particuliers à des fins de surveillance. La plupart des activités de gestion de l’environnement et de planification de l’espace marin requièrent un assortiment de cartes d’habitats situés entre ces deux extrêmes. La réalisation de cartes à échelle
globale, intermédiaire et fine suppose des approches quelque peu différentes et constitue des éléments distincts au sein d’un programme de cartographie ou d’une campagne de levés, de sorte qu’il faut définir la portée du programme séparément pour chaque échelle.
Le processus de définition de la portée du programme a pour effet de déterminer le territoire à cartographier (étendue), l’échelle (p. ex. 1/250 000), la limite de résolution (plus
petite unité cartographique), la précision spatiale (p. ex. ± 50 m) et le degré d’exactitude des cartes, ainsi que le niveau de détail de classification des habitats. Il faut souvent faire un compromis quant à l’exactitude d’une carte (mesurée par le taux de succès à prédire la présence d’un habitat à un endroit donné), qui peut être plus grande à condition de décrire les habitats de manière plus générale, donc moins précise (p. ex. au niveau 3 plutôt que 4 de la typologie E
UNIS
).
La présente section vous guide dans le processus de définition de la portée d’un programme de cartographie, en résumant les points à considérer et à documenter dans un bref Rapport sur la portée du programme . Pour faciliter la prise de décisions, un outil interactif de « Définition de la portée du programme » est fourni sous forme d’une animation Flash
MD
, pour vous permettre de tester et d’évaluer divers scénarios avant de compléter le rapport sur la portée du programme.
2 - Que veut-on cartographier ? 77
2.1.1 - Le processus de définition de la portée du programme
Le processus de définition de la portée du programme comporte deux étapes. La première consiste en des consultations à un haut niveau, qui doivent absolument permettre de déterminer sans équivoque la finalité et les objectifs du programme de
cartographie. Tous les intervenants pertinents doivent participer à ces consultations, notamment ceux qui sont à l’origine du programme, ceux qui ont l’expérience de tels programmes, et ceux qui en utiliseront les résultats. Les consultations devraient porter entre autres sur :
– les besoins des utilisateurs des cartes, car ces besoins déterminent les principaux
éléments du programme ;
– les ressources nécessaires pour mener à bien le programme ;
– le temps raisonnable requis pour compléter le programme ;
– les imprévus auxquels on pourrait devoir faire face.
Cette première étape consiste essentiellement en une étude de faisabilité qui vise à déterminer s’il y a un équilibre raisonnable entre les produits souhaités d’une part, et le temps et les budgets disponibles d’autre part. Il peut être nécessaire de revoir les attentes en fonction des contraintes de temps et de budget, ou de rechercher des ressources supplémentaires pour répondre à des besoins cruciaux.
Après avoir défini la finalité et les objectifs généraux du programme de cartographie, on passe à la seconde étape, qui consiste à étudier la proposition plus en détail. Un programme de grande envergure peut devoir être scindé en plusieurs composantes, dont chacune porte sur une échelle et un type de carte différents (échelle globale,
intermédiaire ou fine). Ces composantes ont une finalité et des objectifs qui leur sont propres ; il faut donc en définir la portée séparément pour déterminer l’échelle, l’étendue, la limite de résolution et la précision spatiale des cartes, et par voie de conséquence les levés requis. Cet exercice peut mettre en lumière l’incompatibilité de certains critères : à titre d’exemple, il est inutile de demander une grande précision spatiale pour une carte à
échelle globale, et des cartes à faible résolution réalisées à partir de levés spécifiques de certains sites ne donneront pas beaucoup de détails pertinents. Cet exercice fournit en outre l’occasion d’évaluer la pertinence de divers outils et techniques de levé au regard de la nature du territoire à cartographier et des conditions environnementales dans lesquelles les levés sont susceptibles de se dérouler. Tout cela a des conséquences sur la stratégie de réalisation et les coûts des levés.
Toute anomalie importante constatée au cours de cette seconde étape devrait enclencher un processus itératif de consultation et de modification aboutissant à une proposition réaliste. Afin de rendre ce processus plus aisé, l’équipe du projet M
ESH
a mis au point un outil interactif de définition de la portée du programme (voir paragraphe 2.1.1.1), présenté plus loin, que l’on peut utiliser pour faciliter les consultations. Le résultat du processus de définition de la portée du programme doit être consigné dans un rapport formel sur la portée du programme, qui servira à la fois de cadre pour le programme de cartographie et de point de référence pour les étapes de planification à venir. La sous-section 2.1.2 « Le rapport sur la portée du programme » présente une structure suggérée d’un tel rapport.
Dans tout le processus de définition de la portée d’un programme, on emploie souvent les termes site, secteur et région pour exprimer différentes étendues de territoire, mais le manque de définition de ces termes peut conduire à des malentendus au cours des consultations et de la planification. M
ESH
propose donc les définitions ci-dessous et les inscrit dans une hiérarchie spatiale illustrée dans la figure ci-après. Un site est normalement un lieu précis d’intérêt, par exemple une plage ou une structure en mer
(p. ex. une zone de rejet) dont l’étendue peut atteindre 10 km
× 10 km (en général, aire comprise entre 1 et 100 km2). Un secteur est normalement plus grand qu’un site et a un
78 2 - Que veut-on cartographier ? certain contexte géographique local comme un estuaire ou un archipel, ou une structure
étendue en mer comme le banc de sable Dogger Bank ou le mont sous-marin Anton
Dohrn. Son étendue peut atteindre 100 km
× 100 km (en général, aire comprise entre 100 et 10 000 km2). Une région est une entité écologique encore plus grande, comme la
Manche orientale ou la mer d’Irlande, d’une aire normalement supérieure à 10 000 km
2
.
Ces définitions ne prétendent pas constituer des démarcations précises, mais plutôt une aide à la conceptualisation de différentes étendues de territoire pour des programmes de
cartographie. Ainsi, on envisagera la création de cartes à échelle globale pour résumer l’information portant sur une région ou un secteur, de cartes à échelle intermédiaire pour donner un certain niveau de détails sur la répartition des habitats dans un secteur ou un grand site, et de cartes à échelle fine pour donner une information détaillée sur la variété et l’emplacement des habitats présents dans un site.
Illustration des termes site, secteur et région employés dans le Guide M
ESH
pour désigner différentes
étendues de territoire (voir le texte). On montre ici la mer régionale correspondant à la Manche orientale (telle que définie dans M
ESH
), ainsi qu’un certain nombre de secteurs et de sites de différentes tailles.
2.1.1.1 - Outil de définition de la portée du programme
Pour vous aider à définir la portée du programme de cartographie, nous mettons à votre disposition un outil interactif sous forme d’une animation Flash
MD
. Servez-vous de cet outil séparément pour chaque composante du programme (échelle globale, intermédiaire et
fine), afin de produire votre rapport sur la portée du programme (voir sous-section 2.1.2).
L’outil interactif vous guide à l’aide d’une série de messages qui vous invitent à considérer les objectifs des levés, les facteurs qui affectent l’effort de levé nécessaire, ainsi que l’influence des conditions environnementales et de levé sur l’adéquation des divers outils qui peuvent être disponibles. Un tableau sommaire souligne une ou plusieurs stratégies possibles de réalisation de levés, accompagnées d’un commentaire fondé sur une analyse des choix que vous avez faits. Tout cela vise à assurer que chaque composante du programme de cartographie est bien équilibrée et que vous n’attendez ni trop ni trop peu des cartes ou des données qui pourraient résulter des levés. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez revenir en arrière et essayer divers scénarios.
2 - Que veut-on cartographier ? 79
Très globale
Globale
Intermédiaire
Fine
Très fine
La première partie de l’outil examine la portée générale des levés ainsi que leurs objectifs et le type d’information requis. Cette partie couvre la gamme d’échelles illustrée par la figure Échelle et utilisation d’une carte à la section 2.1 « Définition de la portée du programme ».
La deuxième partie aborde les critères de cartographie susceptibles d’influer sur l’effort de levé nécessaire. Si les critères choisis ne concordent pas bien, l’outil le montre dans le graphique des discordances, vous invite à y réfléchir et le cas échéant à revoir vos choix,
à l’aide d’une question relative au problème de concordance détecté. Une indication de l’effort de levé nécessaire est donnée par la longueur de la barre bleue affichée au bas de l’écran.
80 2 - Que veut-on cartographier ?
Pour aider à comprendre les critères d’échelle et de limite de résolution d’une carte, imaginons d’une part une carte imprimée fixe (pour ce qui est de l’échelle), et d’autre part une carte électronique sur laquelle on peut faire un zoom (pour ce qui est de la limite de
résolution).
Le critère d’échelle d’une carte se rapporte à l’échelle d’une carte imprimée (ou d’une photographie). Il faut choisir une échelle qui permet de présenter de manière adéquate le type d’information choisie dans la partie précédente de l’outil (objectifs des levés). Le tableau Échelle
d’une carte et dimensions réelles montre pour différentes échelles la longueur en mètres représentée sur le terrain par un millimètre sur une carte.
Échelle d’une carte et dimensions réelles
Échelle Longueur représentéepar 1 mm sur la carte
1/10 000
1/50 000
1/100 000
1/500 000
1/1 000 000
10 m
50 m
100 m
500 m
1 km
Il y a une limite cartographique concernant la plus petite structure que l’on peut raisonnablement représenter sur papier, puisqu’il n’est pas pratique de dessiner (ou de lire) une structure qui fait moins de 9 mm
2
(un carré de 3 mm
× 3 mm) sur une carte. C’est ce que l’on appelle la plus petite unité cartographique. Lorsque l’on choisit l’échelle d’une
carte, il faut tenir compte de la plus petite structure que l’on souhaite représenter. Dans le
2 - Que veut-on cartographier ? 81 cas d’une échelle intermédiaire, ce peut être une île ou un rocher émergé de petite taille, dont les dimensions sont de l’ordre de 150 m. En adoptant une plus petite unité
cartographique de 3 mm
× 3 mm, chaque millimètre sur la carte représenterait 50 m sur le terrain, de sorte qu’une échelle adéquate serait de 1/50 000. Dans le cas d’une carte à
échelle fine montrant des structures telles que des bancs de moules dont les dimensions sont de l’ordre de 20 m, il faut une échelle de 20
× 1000 ÷ 3 = 1/6700 (c’est-à-dire une
échelle plus fine que 1/10 000). Par contre, dans le cas d’une carte à échelle globale montrant la présence ou l’absence d’une espèce dans des unités de 10 km
2
, une échelle de 1/1 000 000 (1 cm = 10 km) serait appropriée.
Pour ce qui est du critère de limite de résolution, pensez à une carte électronique sur laquelle on peut faire un zoom et aux dimensions réelles que vous souhaitez représenter par un pixel sur une carte maillée. Lorsque l’on fait un zoom avant sur une carte maillée
électronique, chaque pixel devient plus gros, et lorsque l’on fait un zoom arrière, chaque
pixel devient plus petit, mais les dimensions réelles représentées par un pixel ne changent pas. Si l’on choisit de représenter par un pixel un carré de 10 m de côté sur le terrain, peu importe le degré de zoom que l’on fait sur l’image, on n’arrivera jamais à distinguer des structures dont les dimensions sont inférieures à 10 m. Normalement, comme pour toute image faite de pixels, il faut plusieurs pixels adjacents semblables pour pouvoir y reconnaître la représentation d’une structure (comme dans le grain des anciennes photographies de journaux). Donc, à titre de règle empirique, dans une carte détaillée à échelle fine, chaque pixel devrait représenter un carré d’au plus 5 m de côté sur le terrain, et un groupe peut commencer à représenter une structure à partir de
10 pixels (voir aussi le chapitre 1 « Qu’est-ce que la cartographie des habitats ? »). Dans une carte à échelle globale, chaque pixel représente généralement un carré de plus de
500 m de côté sur le terrain.
Il est important non seulement de comprendre que l’échelle et la résolution sont des concepts distincts, mais aussi de saisir les liens entre les deux. Dans une carte maillée sous forme électronique, la résolution est indépendante de l’échelle. Lorsque l’on fait un zoom avant ou arrière, les pixels changent, mais non la limite de résolution. Par contre, en faisant imprimer une carte, on fixe la taille des pixels sur le papier, ce qui a pour effet de fixer à la fois l’échelle et la résolution de la carte. Supposons que l’on ait défini une carte
électronique de telle sorte que chaque pixel représente un carré de 5 m de côté sur le terrain. Si l’on fait imprimer la carte de manière à ce que chaque pixel couvre un carré de
0,5 mm de côté sur le papier, alors 1 mm sur le papier représente 10 m sur le terrain, et l’échelle de la carte imprimée est de 1/10 000. Par contre, si l’on fait imprimer la carte de manière à ce que chaque pixel couvre un carré de 1 mm de côté sur le papier, alors chaque millimètre sur le papier représente 5 m sur le terrain, et l’échelle de la carte imprimée est de 1/5000. Les deux cartes n’ont pas la même échelle, mais elles ont la même résolution.
Si un cartographe interprète une carte maillée en contourant des structures pour produire une carte au trait, la résolution de la carte au trait dépend de l’échelle ou de la taille des
pixels. Si les pixels sont plus petits que la plus petite unité cartographique, le cartographe peut contourer une zone de plusieurs pixels, mais ne peut rien dessiner de plus petit que la plus petite unité cartographique. Dans ce cas, la résolution de la carte au trait est limitée par l’échelle de la carte. Par contre, si les pixels sont plus grands que la plus petite
unité cartographique, le cartographe ne peut rien dessiner de plus petit qu’un pixel, et la
résolution de la carte est alors limitée par la taille des pixels.
Après l’échelle et la résolution, l’outil de définition de la portée du programme demande de considérer la précision spatiale (tolérance sur les positions), c’est-à-dire la précision avec laquelle on veut déterminer la position d’une structure sur la carte. Est-ce important d’avoir une grande précision et de représenter les structures sur la carte à moins de 5 m de leur position réelle ? De nos jours, cela est relativement facile dans le cas de levés sur le littoral effectués à l’aide d’un système de GPS (géopositionnement satellitaire)
82 2 - Que veut-on cartographier ? différentiel, mais ce peut être plus difficile lorsque les données sont acquises à l’aide d’instruments remorqués derrière un navire (p. ex. sonar à balayage latéral, caméra fixée sur un traîneau), où le GPS différentiel est à bord du navire et non sur l’instrument luimême. Dans ce dernier cas, on fait une estimation de la position par calcul trigonométrique (courbure du câble) ou prise en considération d’un décalage déterminé à l’aide de balises acoustiques fixées à l’instrument remorqué. Les données anciennes ont rarement la précision spatiale des données acquises au cours de levés récents ; au pire la position est estimée. Si vous spécifiez un niveau élevé de précision spatiale, vous risquez d’exclure une grande quantité de données précieuses, mais dont la précision spatiale est incertaine. Le choix de la précision spatiale doit être en accord avec la finalité de la carte ; il est évidemment exagéré de demander une grande précision spatiale dans le cas d’une
carte à échelle globale.
Le prochain élément qui a une influence sur l’effort de levé est le niveau d’exactitude des
classes d’habitat représentées sur la carte. Il ne s’agit pas du tout de la précision spatiale, mais plutôt de l’exactitude de la légende des habitats sur la carte. Veut-on qu’une certaine couleur (classe) représente un habitat unique dont on sait qu’il est présent, ou peut-elle représenter deux ou plusieurs habitats qui sont également susceptibles d’être présents dans cette zone ? Le niveau d’exactitude typologique voulu a des effets sur la répartition de l’effort entre d’une part la cartographie directe d’un territoire par observation ou prélèvements sur le terrain, et d’autre part la modélisation des habitats, qui consiste à prédire la présence d’habitats à partir de données intermédiaires telles que le type de sédiment, la profondeur, la salinité, etc., et des connaissances accumulées sur les types d’habitat susceptibles d’être présents dans des conditions données. Il a également des effets sur le nombre d’échantillons à obtenir et sur les ressources consacrées à la délimitation d’habitats distincts. Si en faisant des prélèvements le long d’une plage de sable de 1 km de long, on constate que le type d’habitat passe graduellement de A à B, est-il préférable de cartographier cette plage sous forme d’une seule zone dans laquelle le type d’habitat passe graduellement de A à B, ou d’essayer de la cartographier sous forme de deux zones dont l’une a un habitat de type A et l’autre de type B ?
Dans l’outil de définition de la portée du programme, les choix sont exprimés sous forme de la probabilité que l’affectation des classes d’habitat soit correcte. À titre d’exemple, le bouton 0.5/chance représente une probabilité de 50 % (ou 1 chance sur 2). Les levés à
échelle fine exigent généralement un haut niveau d’exactitude typologique et peuvent cibler des habitats particulièrement sensibles aux changements. Un tel niveau d’exactitude peut être nécessaire pour des sites précis, afin d’évaluer les impacts d’une activité locale, ou dans le cas de régions plus étendues, pour évaluer les effets des changements climatiques. De manière générale, la cartographie de territoires étendus repose en grande partie sur la modélisation des habitats, et une probabilité de 50 % d’une bonne affectation des habitats est acceptable. Sachant qu’un modèle peut compter des centaines de types d’habitat, une probabilité de 50 % de succès dans la prédiction du type d’habitat constitue un très bon résultat. Par comparaison, la probabilité de tirer un 6 avec un dé à 6 faces est de 1/6, soit 16,7 %.
L’exactitude typologique est une notion distincte du niveau de détail requis par les utilisateurs à propos des types d’habitat. Comme on l’a vu au chapitre précédent, E
UNIS est une typologie hiérarchique dans laquelle chaque niveau ajoute des détails sur les types d’habitat. Le niveau 3 de la typologie E
UNIS
est fondé uniquement sur des caractéristiques physiques et sur le concept d’étage ou zone biologique (littorale, circalittorale, etc.). Des taxons précis sont cités pour la première fois au niveau 4, où les principaux taxons de l'épifaune servent à distinguer les habitats rocheux. Par contre, pour les substrats meubles, les distinctions sont parfois encore fondées sur des caractéristiques physiques et les zones biologiques (voir le tableau ci-dessous). Au niveau 5, les distinctions sont fondées sur des caractéristiques physiques et biologiques des habitats, souvent avec la mention de noms d'espèces.
2 - Que veut-on cartographier ? 83
Exemples des niveaux 3, 4 et 5 de la typologie E
UNIS
Niveau
Code
E
UNIS
Description
Niveau 3 A1.1 High-energy littoral rock
Niveau 4
Niveau 5
Niveau 3
A1.11
A1.112
A5.4
Mytilus edulis and/or barnacle communities
Chthamalus spp. on exposed upper eulittoral rock
Sublittoral mixed sediments
Niveau 4
Niveau 5
A5.44
A5.441
Circalittoral mixed sediments
Cerianthus lloydii and other burrowing anemones in circalittoral muddy mixed sediment.
Dans l’outil de définition de la portée du programme, les niveaux de détail proposés sont ceux des niveaux 3 et 4 de la typologie E
UNIS
, ainsi qu’un niveau libellé « Local E
UNIS
», qui correspond à une typologie de type E
UNIS
établie à partir d’échantillons (classification ascendante), plutôt que d’imposer une classe E
UNIS
existante (classification descendante). Le choix du niveau de détail devrait correspondre au fait que les classes d’habitat seront fondées sur des données physiques seulement (« E
UNIS
3 »), sur des données physiques et biologiques (« E
UNIS
4 ») ou sur une typologie de type E
UNIS
établie à partir des données physiques et biologiques acquises dans une campagne d’échantillonnage (« Local E
UNIS
»). Le choix du niveau de détail se distingue de celui du niveau d’exactitude typologique par le fait que l’on choisit ici un contenu minimal d’information pour les classes d’habitat, et non une probabilité que l’affectation des
classes soit correcte ou non. Il y a toutefois un lien entre les deux, car la probabilité d’affecter correctement une classe à une structure est plus élevée dans le cas d’une
classe générale telle que « High-energy littoral rock » que dans le cas d’une classe détaillée comme « Mytilus edulis and/or barnacle communities ».
Le dernier élément dans cette partie de l’outil de définition de la portée du programme concerne la physiographie, c’est-à-dire la nature du fond marin représenté sur la carte. Si le fond est très diversifié, sa physiographie est complexe et il faut choisir l’option
« Complex » si l’on souhaite que cette diversité soit représentée sur la carte. Par contre, on peut choisir « Simple » pour simplifier la représentation de la physiographie du fond marin. Ce choix repose sur les connaissances préalables dont on dispose à propos du territoire à cartographier et est fondé sur la finalité et les objectifs du programme de
cartographie. À titre d’exemple, un territoire diversifié sur le plan géologique et ayant beaucoup de relief a une physiographie complexe et exige un effort de levé considérable, alors qu’une zone étendue de substrat plat et sableux a une physiographie simple.
84 2 - Que veut-on cartographier ?
La troisième partie de l’outil de définition de la portée du programme concerne les conditions probables des levés, environnementales ou autres. À mesure que l’utilisateur règle les barres des divers paramètres, l’outil de définition de la portée du programme indique le degré d’adéquation d’une gamme d’outils et de techniques de levé. Pour plus de détails, voir le paragraphe 2.3.2.2 « Adéquation des outils de levé ».
2 - Que veut-on cartographier ? 85
La dernière partie de l’outil de définition de la portée du programme constitue un sommaire qui rappelle la finalité et les objectifs du programme, et énumère les outils les plus appropriés. Il propose une ou plusieurs stratégies possibles en indiquant le niveau relatif d’effort associé à la stratégie sélectionnée. Des commentaires donnent de précieux conseils sur la manière de procéder. Un bouton sert à faire imprimer ce sommaire.
L’outil de définition de la portée du programme ne prétend pas fournir de réponse définitive, mais se veut plutôt un guide de réflexion sur la portée d’un programme de
cartographie et sur ce qu’il est réaliste d’accomplir pour chacune des composantes à
échelle globale, intermédiaire et fine. Cet outil favorise la tenue de discussions ciblées au cours des consultations et permet d’envisager un certain nombre de scénarios possibles.
2.1.2 - Le rapport sur la portée du programme
L’exemple ci-dessous présente une structure suggérée d’un rapport sur la portée d’un programme de cartographie. Ce rapport doit être complété par les sorties imprimées produites par l’ outil de définition de la portée du programme (voir paragraphe 2.1.1.1) pour chaque composante du programme de cartographie.
Vous devriez remplir le rapport sur la portée du programme à mesure que vous en définissez la portée, afin de consigner la finalité et les objectifs du programme ainsi que ses composantes. Ce rapport sert de cadre pour le programme de cartographie et donne de l’information pertinente à tous ceux qui participeront à la planification et à l’exécution des travaux.
Rapport sur la portée d’un programme de cartographie
Finalité du programme (que s’agit-il de faire ?)
Fournir un ensemble de cartes d’habitats à différentes échelles couvrant le territoire au large des côtes de la Manche orientale.
Objectifs du programme (pourquoi en a-t-on besoin ?)
Fournir de l’information à l’appui des politiques régionales de gestion pour la conservation et l’utilisation durable des ressources marines.
Contexte
De nouvelles ressources en granulats marins ont été découvertes au large des côtes de la Manche orientale. L’exploitation de ces ressources est réglementée sous licence. Des études de ce territoire sont nécessaires pour établir la réglementation.
Composante à échelle globale
Finalité
Critères de cartographie
Aire des levés : 5000 km
2
Montrer la répartition des principaux habitats dans la partie de la Manche orientale qui englobe les zones de licences d’exploitation possibles.
Objectifs
Échelle : 1/1 000 000
Taille des pixels : 0.4kmx0.4km
Fournir un contexte spatial et écologique plus large pour les études à échelle intermédiaire et à échelle fine.
Type d’information
Précision spatiale :
± 500 m
Exactitude des
classes d’habitat :
Faible
Modèles de répartition des habitats.
Niveau de détail des habitats
Niveaux 3 et
4 d’E
UNIS
Environnement et circonstances
Milieu entièrement salin. Courants de marée de modérés à forts. Turbidité moyenne. Profondeur de 20 à 70 m. Nombreux couloirs de navigation (mouvements restreints). Pêche au chalut ou filet dérivant dans certaines zones.
86 2 - Que veut-on cartographier ?
Composante à échelle intermédiaire
Finalité
Indiquer la répartition des habitats à l’intérieur et à proximité de 11 zones de licences d’exploitation possibles.
Objectifs
Fournir un inventaire spatial régional des habitats afin de compléter l’évaluation environnementale régionale.
Type d’information
Critères de cartographie
Aire des levés : 1000 km
2
Échelle : 1/25 000
Taille des pixels : 5 m x 5 m
Précision spatiale :
Exactitude des
classes d’habitat :
± 5 m
Moyenne
Inventaire et répartition des habitats.
Niveau de détail des habitats
Niveaux 4 et
5 d’E
UNIS
Environnement et circonstances
Milieu entièrement salin. Courants de marée de modérés à forts. Turbidité moyenne. Profondeur de 40 à 60 m. Nombreux couloirs de navigation (mouvements restreints). Pêche au chalut ou filet dérivant dans certaines zones.
Composante à échelle fine
Finalité
Critères de cartographie
Aire des levés : 50 km
2
Montrer la répartition détaillée des habitats à l’intérieur de l’une des zones de licences d’exploitation possibles.
Objectifs
Échelle : 1/5000
Taille des pixels : 2 m x 2 m
Constituer une étude de base à l’appui d’une évaluation d’impact environnemental et d’un programme à venir de
surveillance de cette zone.
Type d’information
Précision spatiale :
Exactitude des
classes d’habitat :
± 2 m
Élevée
Répartition, frontières et composition des habitats importants.
Niveau de détail des habitats
Niveau 5 d’E
UNIS
Environnement et circonstances
Milieu entièrement salin. Courants de marée de modérés à forts. Turbidité moyenne. Profondeur de 40 à 60 m. Longe un couloir de navigation. Pêche au chalut.
Exemple de rapport sur la portée d’un programme selon le projet M
ESH
Un formulaire de ce rapport (en anglais) et quatre exemples sont fournis dans des fichiers de documents distincts, référencés en fin de chapitre.
Lorsque l’étape de définition de la portée du programme est complétée, toutes les parties consultées sont à même de comprendre clairement :
– la finalité et les objectifs de l’ensemble du programme ;
– le type d’information dont les utilisateurs des cartes auront besoin ;
– l’éventuel besoin de subdiviser le programme en composantes distinctes qui fourniront des contenus d’information différents ;
– le contenu d’information précis requis pour chaque composante du programme ;
– les critères précis de cartographie pour chaque composante du programme.
Une fois tout cela bien établi, la prochaine étape du processus de planification consiste à déterminer quelles parties de l’information et des données peuvent provenir d’études antérieures, et lesquelles exigeront de nouveaux levés. C’est ce que l’on aborde dans la section 2.2 « Détermination de l'information manquante ».

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